La photo qui émeut la France. Grosso, l’entraîneur lyonnais ensanglanté, un nouvel avertissement
La violence des supporters à l’intérieur et à l’extérieur des stades de football s’est intensifiée en Europe au cours des derniers mois. Un supporter du Dinamo Zagreb est mort avant un match du tour préliminaire de la Ligue des champions, tandis qu’aux Pays-Bas, le match de l’Ajax contre Feyenoord n’a pas eu lieu en raison d’émeutes. Mais c’est surtout la France qui est en proie à des difficultés durables, actuellement secouée par une photo sanglante de l’entraîneur de l’Olympique lyonnais, Fabio Grosso (45 ans).
Des supporters marseillais ont attaqué un bus lyonnais qui se rendait au Stade Vélodrome dimanche, en lui jetant des pierres. L’entraîneur Grosso, blessé au visage lors de l’attaque, s’est couvert le visage de ses mains tachées de sang en entrant dans le stade. Résultat ? Des coupures profondes qui ont dû être réparées par 13 points de suture, une commotion cérébrale, des vertiges et un arrêt de travail de 30 jours.
Le combat attendu entre deux grands clubs n’a donc pas eu lieu, malgré les 65 000 spectateurs qui avaient acheté des billets.
Pourtant, à quelques exceptions près, il n’y a pas eu de grande animosité entre les camps des deux Olympiques. Rappelons toutefois un incident survenu en décembre 2021, lorsque le capitaine visiteur Dimitri Payet a été frappé par une bouteille lancée depuis les tribunes lors d’un match à Lyon.
Cependant, il n’y aurait pas eu de représailles. « Cet incident, à mon avis, est plutôt une autre des très mauvaises réactions autour de la situation à Marseille. Ils ont expulsé l’entraîneur, il y a de grandes manifestations contre la direction. Dans l’ensemble, c’est une ville terriblement problématique, en plus de la situation actuelle dans le monde. Les supporters là-bas sont fous, ils attaqueraient probablement n’importe quel autre adversaire« , explique Miroslav Šifta, chroniqueur et géographe qui couvre les derbys du monde entier pour VBC Foot Zpravy.
Selon lui, il y a toujours eu une rivalité sportive entre les marques traditionnelles. « Marseille était un club très performant dans les années 1990, et après 2000, Lyon a commencé à régner en maître. En même temps, ce sont deux grandes villes qui ne sont pas très éloignées l’une de l’autre », ajoute M. Šifta.
La frustration croissante des supporters et la situation sociale en Europe, et dans le sud de la France en particulier, sont donc clairement à l’origine de cette horrible attaque. Pour Marseille, le PSG était jusqu’à présent le principal rival, tandis que pour Lyon, c’était le voisin stéphanois. Mais la situation en Ligue 1 pourrait changer après la blessure sanglante de l’entraîneur et l’incident vieux de deux ans qui a coûté la vie à la star Payet.
Carte de visite avant le Ballon d’Or
Ce n’est peut-être pas un scandale parmi d’autres pour la France du football. La photo ensanglantée du champion du monde italien 2006 et le fait que le duel « OM – OL » ait eu lieu la veille de la cérémonie du Ballon d’Or à Paris posent aux responsables un problème difficile et « évitable ».
« C’est scandaleux et c’est une grande honte pour nous ». Philippe Diallo, président de la Fédération française de football, a déploré à la veille de l’annonce du prestigieux sondage de France Football, dominé pour la huitième fois par Lionel Messi. « Nous ne permettrons pas qu’une telle chose se reproduise. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour éradiquer définitivement ce phénomène qui fait honte à notre pays ». a-t-il ajouté.
Côtes et vertèbres cassées
Les dirigeants français savent très bien qu’ils ont un problème. Si l’entraîneur italien sera probablement bientôt rétabli, son visage ensanglanté est un doigt d’honneur levé. « Ce n’est malheureusement pas la première fois que le football français, et le pays dans son ensemble, est souillé par la stupidité et l’agressivité de personnes qui se rendent au stade uniquement pour gâcher le plaisir des autres », écrit Pablo Gallego, rédacteur en chef de la version française de VBC Foot News, dans un glossaire.
Il rappelle un incident récent à Ajaccio, où un enfant de huit ans a été agressé parce qu’il portait un maillot de l’Olympique de Marseille. Le cas du supporter allemand Michael Brehl, venu soutenir son équipe favorite, l’Eintracht Francfort, lors d’un match de Ligue des champions l’année dernière, est également lié aux couleurs bleu pâle de l’Olympique de Marseille. Mais après un incident désagréable dans la fan zone, qui ressemblait davantage à une guerre civile, il a été touché par une fusée éclairante. Brehl s’est cassé trois côtes et une vertèbre cervicale dans la chute qui s’en est suivie et est toujours en cours de traitement.
La France du football n’est pas la seule à être désemparée. Les politiciens, les autorités et les dirigeants de la Ligue 1 cherchent en vain de véritables solutions pour éradiquer la violence. Mais le cas de Fabio Grosso pourrait enfin être un déclic pour tous ceux qui décident des questions cruciales au pays des coqs gaulois.